'I am the master of my fate : I am the captain of my soul'
Clint Eastwood est vraiment très fort. Chaque film qu'il fait ne peut que provoquer l'émotion et plaire au plus grand nombre. C'est ce que lui reproche d'ailleurs quelques critiques aigries et rarement d'accord avec les spectateurs : ce côté 'bien léché', plein de bons sentiments et film grand public. Tant qu’il fait des films d’aussi bonne qualité, je ne peux qu’être en désaccord avec ces critiques. C’est pour moi toujours un très grand plaisir d’aller voir le travail de Clint.
Comme je le disais, il arrive à nous émouvoir quelque soit le sujet, et même avec le sport (ce qui, ceux qui me connaissent le savent bien, n’est pas fondamentalement la chose que je préfère…). Million Dollar Baby restera toujours dans ma mémoire comme le film où j’ai pleuré presque toutes les larmes de mon corps, pourtant il parlait de boxe…Dans Invictus, il récidive mais cette fois c’est le rugby qui est à l’honneur. Bien sur, il ne s’agit qu’un prétexte à un sujet plus profond (parce que si j’avais aimé un film ne parlant QUE de rugby…j’adulerai définitivement Mr Eastwood !).
Le film débute au lorsque Nelson Mandela (Morgan Freeman) est libéré de prison et devient Président de l’Afrique du Sud. Il se trouve alors devant un problème apparemment insurmontable : comment réunir les blancs et les noirs, dans un pays encore traumatisé par l’apartheid ? Et c’est là que Mandela montre, une fois encore, sa grande intelligence. Il a très bien compris que la meilleur façon d’atteindre son noble objectif est d’utiliser un symbole : le sport, et plus précisément l’équipe nationale de rugby. Au fur et à mesure des victoires, la différence entre noirs et blancs s’estompe. Les mentalités changent, à l’instar de celle de François (Matt Damon), le capitaine de l’équipe de rugby, qui est complètement bouleversé suite à sa rencontre avec Mandela. La victoire finale est plus que celle d’une équipe, c’est celle d’un pays réunifié.
Ce qui m’a aussi plu c’est que le pardon, le rapprochement des blancs et des noirs que Mandela recherche au niveau national, est aussi visible au niveau de petite groupe. Et c’est sans doute la raison pour laquelle les garde du corps occupent une place si importante. Alors qu’au début les fidèles gardes du corps de Mandela ne voulaient pas des nouveaux, des blancs, ils sont forcés (par Mandela), de travailler ensemble. Et finalement, c’est encore une scène de rugby (cette fois amateur) qui permet de sceller leur acceptation mutuelle. La même idée se retrouve à la fin avec les policiers et l’enfant. Victoire = réunion, acceptation. Il est alors indéniable que le sport a un pouvoir (même moi qui n’aime pas le sport je m’en rend tout à fait compte ! Je me mets à suivre le foot quand on se rapproche d’une finale mondiale…).
De nombreux moments m’ont émus. Tout d’abord, les scènes de foules : qu’il s’agisse d’un concert (même d’un groupe que je n’aime pas), de sport, ou de film, ça me donne toujours plein de frissons tellement je suis touchée par l’existence d’une telle symbiose entre des gens qui ne se connaissent pas, autour d’un dénominateur commun. La scène où tous les spectateurs et joueurs chantent l’hymne national du pays m’a donné les larmes aux yeux. C’était un moment vraiment fort. C’est aussi le cas quand Mandela entre dans le stade. J’ai lu le commentaire de quelqu’un qui avait vraiment vécu cet événement. Il affirmait que c’était le meilleur souvenir qu’il ait eu dans sa vie de commentateur sportif (je crois que c’est ce qu’il était…). Ça ne m’étonne pas du tout, ce devait être quelque chose d’incroyable, et de tellement fort, tellement significatif !
Ensuite, l’un des moments clés du film est la visite de François de la prison dans laquelle était enfermé Mandela. C’est à travers ses yeux que nous découvrons ce lieu c’est-à-dire les conditions misérables de la l’enfermement. Et c’est probablement là que l’étonnement qui a été le sien en rencontrant Mandela se transforme en un profond respect et admiration : Comment ne pas être rempli de haine après avoir passé tant d’années dans de si horribles conditions ? Comment avoir survécu à un tel enfer ? Comment un homme peut-il ainsi pardonner à ses bourreaux ?
Et on apprend que c’est un poème qui a permis à Mandela de surmonter ces épreuves : Invictus, de William Ernest Henley (décidément, ente Bright Star et ce film, la poésie est partout !).
Out of the night that covers me,
Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.
In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbowed.
Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds and shall find me unafraid.
It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul.
Ce sont ces deux derniers vers (I am the master of my fate:I am the captain of my soul.) qui rythment le film et qui permettent de faire passer un autre puissant message. La force de volonté de Mandela lui a permis de surmonter les épreuves. Ces vers ont mené François et son équipe vers la victoire. Et c’est une formule que l’ont devrait idéalement tous respecter.
Bien sur, l’humour est toujours présent chez Clint Eastwood, indissociable de l’émotion. Cet homme a un réel talent pour mêler les deux registres.
(elle vous rappelle rien la Madame à côté de Morgan Freeman ???)
En ce qui concerne les acteurs, ils sont tous très bons. Morgan Freeman est particulièrement impressionnant (accent, démarche…) ! Face à lui, Matt Damon fait également un bon boulot. Définitivement, et malgré son physique très américain, j’aime beaucoup cet acteur (et puis il est plein d’humour, quels fous rires j’ai eu en regardant la désormais culte vidéo de la chanson « I’m fucking Matt Damon ! »). Enfin, je ne dois pas oublier le point Doctor Who : La maman de Martha (Adjoa Andoh) a un rôle assez important !
Bref, je ne peux que vous inciter à aller voir ce très beau film !